Dakar, 30 juin (SL-INFO) – La Turquie n’est plus la terre d’accueil qu’espéraient des centaines de Sénégalais venus y chercher une vie meilleure. Depuis le durcissement des politiques migratoires en 2023, leur quotidien est devenu un calvaire fait de contrôles policiers, d’expulsions soudaines et d’angoisse permanente.
« Nous vivons dans la peur. Chaque jour, nous craignons l’arrestation, l’humiliation, l’expulsion », témoigne Fatou Fall, installée à Istanbul depuis 16 ans. Comme elle, de nombreux compatriotes décrivent une situation devenue intenable : des mères de famille interpellées en pleine rue, des travailleurs arrêtés à l’aube, des enfants envoyés avec leurs mères en centre de rétention. « Même avec un titre de séjour valide, on n’est plus à l’abri », déplore dans L’Obs Daouda Sow, commerçant.
Les nouvelles conditions de séjour imposées par les autorités turques rendent toute régularisation presque impossible. « Il faut désormais un contrat de travail ou une entreprise prospère, ce qui exclut la majorité des travailleurs immigrés », explique Alioune Moustapha Diop. Les titres de séjour sont délivrés au compte-gouttes, valables six mois seulement, avec un renouvellement limité.
Lors de sa visite en Turquie en octobre 2024, le président Bassirou Diomaye Faye avait rencontré une délégation de Sénégalais. Un espoir était né, mais resté sans suite. « Il nous avait parlé d’une commission mixte, attendue en décembre. Mais depuis, c’est le silence total », s’indigne Daouda Sow. Pire encore, l’éventualité d’un accord bilatéral de régularisation semble s’être dissipée dans l’indifférence : « Le président nous a dit que son homologue turc n’avait répondu ni oui ni non. Ce flou nous a brisés », souffle Alioune.
Face aux expulsions qui s’accélèrent, la diaspora sénégalaise lance un cri du cœur : « Nous sommes fiers d’être Sénégalais, mais nous avons besoin de notre pays. Qu’il nous tende la main, qu’il nous protège », implore Alioune Moustapha Diop.