Ousmane Sonko, leader politique et premier ministre du Sénégal, a récemment affirmé qu’aucune motion de censure ne serait soumise avant le 12 septembre 2024. Cette déclaration repose sur une compréhension précise des mécanismes parlementaires sénégalais. Après la tenue d’une session extraordinaire, l’Assemblée nationale est en effet tenue d’attendre un délai de 15 jours avant de convoquer une nouvelle session extraordinaire. Cette règle vise à encadrer les procédures législatives et à éviter une accumulation de sessions extraordinaires qui pourrait paralyser le fonctionnement de l’institution.

Cette stratégie semble calculée pour permettre à Ousmane Sonko de gagner du temps et de naviguer habilement dans un environnement politique complexe, où il cherche à éviter une confrontation directe avec l’opposition. En attendant la dissolution de l’Assemblée nationale, il peut éviter une motion de censure qui pourrait compromettre sa position ou celle de son gouvernement. Une motion de censure nécessiterait la présence du Premier ministre et de son gouvernement devant les députés, un événement qui pourrait se transformer en une confrontation politique majeure.

Pourtant, cette stratégie pose plusieurs questions. Pourquoi Ousmane Sonko, s’il est convaincu de la solidité de sa position, chercherait-il à éviter de se présenter à l’Assemblée nationale pour faire sa déclaration de politique générale ? En effet, la déclaration de politique générale est une procédure essentielle où le Premier ministre expose les grandes orientations de sa politique et répond aux questions des députés. C’est un moment crucial qui permet de clarifier la direction politique du gouvernement et de gagner la confiance de l’Assemblée.

L’évitement de cette procédure pourrait suggérer plusieurs hypothèses. Peut-être que Sonko craint que la présentation de sa déclaration expose ses vulnérabilités politiques ou que ses adversaires pourraient saisir cette opportunité pour remettre en question ses choix et ses priorités. De plus, il est pertinent de noter que le problème lié au règlement intérieur de l’Assemblée, qui avait été utilisé comme un prétexte pour retarder la déclaration, a été résolu avec la promulgation de la loi appropriée. Selon l’article 55 de la Constitution sénégalaise, le Premier ministre est effectivement tenu de se présenter devant l’Assemblée nationale pour faire sa déclaration de politique générale.

Cette obligation constitutionnelle renforce l’importance de la question : Sonko pourrait-il réellement contournée cette exigence constitutionnelle, ou bien cherche-t-il simplement à minimiser les risques politiques associés à cette procédure ? Le projet politique qu’il a promu avec tant de vigueur sera-t-il mis en œuvre comme prévu, ou bien les obstacles juridiques et politiques risquent-ils de compromettre ses ambitions ?

En conclusion, la situation actuelle soulève des interrogations profondes sur la capacité de Sonko à naviguer dans le système politique sénégalais et sur la viabilité de ses projets politiques. L’absence de motion de censure avant le 12 septembre 2024 pourrait bien être une tactique pour éviter une confrontation immédiate, mais elle ne résout pas les questions fondamentales sur la direction future de son gouvernement et la manière dont il compte surmonter les défis institutionnels et politiques.

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