Saint-Louis, 03 Oct (SL-INFO) – À la tête du pays depuis avril 2011, Alassane Ouattara brigue un 4ᵉ mandat. Mais comment cet économiste qui a fait carrière comme fonctionnaire internationale a-t-il pu s’imposer comme un poids lourd de la politique ivoirienne ces trente dernières années ? Portrait. « Humanisme », « rigueur » et « sens de l’écoute » : les collaborateurs d’Alassane Ouattara les collaborateurs d’Alassane Ouattara ne tarissent pas d’éloge sur l’actuel président. Pourtant, avant d’être un fin stratège politique, Alassane Ouattara est avant tout un technocrate, un passionné d’économie.
Né le 1er janvier 1942 à Dimbokro, dans le centre de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara est issu d’une famille modeste de Kong, ancienne ville marchande dans le nord. Après des études au Burkina-Faso et aux États-Unis – sanctionnées d’un doctorat en économie –, Alassane Ouattara fait carrière comme fonctionnaire international.
D’abord à Washington, où il devient l’un des tout premiers Africains au sein du Fonds monétaire international (FMI), comme directeur du département Afrique. Puis ensuite à Dakar, où il prend la direction de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Là, il met en œuvre une réforme monétaire et administrative, en y recrutant, notamment, de nombreux jeunes cadres africains.Reconnu comme un fin connaisseur de l’économie africaine
Jusque-là rien ne semble destiner le fils aîné de la famille Ouattara, à une quelconque carrière politique. « Il gravi les échelons au FMI, il est tranquille jusqu’à ce que Félix Houphouët-Boigny [premier président de la République de Côte d’Ivoire de 1960, NDLR] le repère », raconte une source dans son entourage.
Alassane Ouattara se forge une réputation d’économiste compétent, fin connaisseur de l’économie africaine. Il est, à ce titre, « régulièrement consulté par le président pour des conseils afin de résoudre la crise économique liée à la suspension du paiement de la dette ivoirienne », se souvient un vieux militant.
En 1989, la Côte d’Ivoire traverse une crise profonde. L’État frôle la cessation de paiement, la colère populaire enfle et Félix Houphouët-Boigny, le « père » de l’indépendance, cherche des solutions. Il créé alors un Comité interministériel chargé de piloter un plan de stabilisation et de relance. À sa tête, il nomme Alassane Ouattara, jusqu’alors gouverneur de la BCEAO.
Le fonctionnaire international vient ainsi de faire ses premiers pas en politique grâce à ses compétences en matière d’économie. Ouattara parvient, avec l’aide de Charles Konan Banny, alors directeur de l’agence nationale de la BCEAO, à obtenir des accords avec le FMI.
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Le Premier ministre d’Houphouët-Boigny
À la faveur d’une révision de la Constitution, qui instaure le poste de Premier ministre, Ouattara se voit propulsé à la tête du gouvernement, le 7 novembre 1990. Pour couronner le tout, Félix Houphouët-Boigny l’impose, quelques mois plus tard, comme numéro deux du PDCI, au cours du 9ème Congrès ordinaire du parti.
Mais ce geste de Houphouët-Boigny, président de la République et patron du PDCI, ne plait pas à certains cadres du parti. À l’image de Camille Alliali, qui raconte sa frustration. « Quel ne fut pas mon étonnement en recevant la liste définitive des membres du comité central, de constater que le président avait placé Alassane Ouattara en tête de cette liste avant Ekra Mathieu, Coffi Gadeau ou Philippe Yacé ! ».
Et Camille Alliali d’ajouter plus loin : « Je confiais à certains amis qu’en le parachutant ainsi dans l’arène politique cinq mois seulement après sa prise de fonction, le président ne rendait pas service à ce jeune technocrate qui risquait de rencontrer de sérieux problèmes avec les barons du parti ».*