Dakar, 29 Oct (SL-INFO) – Après avoir conçu la Bibliothèque numérique interconnectée et gamifiée de l’Université Gaston Berger, présentée en avril 2025 à Saint-Louis, Maby Mansour Ndoye poursuit sa réflexion sur l’alliance entre culture, innovation et souveraineté numérique.
Ingénieur data analyste, architecte transmédia et fondateur de F&M Corporate, il s’est imposé comme l’un des acteurs majeurs de la transformation digitale du secteur culturel au Sénégal.
Avec MCN Numérique 2050, initiative portée par le Musée des Civilisations Noires et le ministère de la Culture, il explore une nouvelle frontière ; celle du patrimoine immersif et de la mémoire partagée entre le continent et la diaspora. Dans cet entretien accordé à Seneweb, il détaille les ambitions, les innovations et la portée symbolique de ce projet visionnaire.
MCN Numérique 2050 prolonge l’action du Musée des Civilisations Noires dans le champ du numérique. Quelle vision a présidé à sa conception et en quoi ce projet renouvelle-t-il la manière de valoriser le patrimoine africain ?
MCN Numérique 2050 s’inscrit dans la volonté du Musée des Civilisations Noires d’entrer pleinement dans l’ère numérique. L’idée était de repenser la manière dont le patrimoine africain est transmis, non plus comme une simple collection à observer, mais comme une expérience à vivre. Le projet cherche à instaurer une nouvelle forme de médiation culturelle, où la technologie devient un instrument de souveraineté et d’émancipation.
L’objectif est que les jeunes générations, sur le continent comme dans la diaspora, puissent se réapproprier leur histoire à travers des outils modernes et immersifs. Cette démarche est le fruit d’un dialogue entre culture et innovation, une manière de montrer que la mémoire africaine peut s’incarner dans le numérique sans se dénaturer.
Le projet combine réalité virtuelle, web-documentaire et carte interactive de la diaspora. Quelles expériences concrètes le public pourra-t-il vivre à travers ces différents volets, et quel rôle jouent ces outils immersifs dans la médiation culturelle ?
Le public pourra vivre une expérience plurielle, à la fois physique, numérique et participative. Le parcours immersif proposé au musée offrira des projections à 360 degrés, des environnements de réalité augmentée et des stations de réalité virtuelle qui replaceront le visiteur au cœur des grandes civilisations africaines. Parallèlement, le web-documentaire interactif, accessible depuis n’importe où, permettra de revivre les mémoires africaines à travers des vidéos, objets numérisés, cartes interactives et témoignages.
Enfin, l’Atlas Numérique Mondial de la Diaspora Africaine viendra compléter l’ensemble en réunissant, sur une même plateforme contributive, les récits et les données des communautés afro-descendantes. En liant le continent à sa diaspora, il créera une mémoire collective et dynamique. Ces outils redéfinissent la médiation culturelle en la rendant plus sensorielle, participative et inclusive, tout en donnant vie aux œuvres par le récit et l’interactivité.
MCN Numérique 2050 s’inscrit dans les grandes orientations nationales en matière de transformation digitale et de souveraineté culturelle. Comment ce projet participe-t-il à cette dynamique ?
Le projet s’inscrit pleinement dans les grandes orientations du New Deal Technologique et de la Vision Sénégal 2050. Il illustre la volonté nationale de bâtir une souveraineté numérique culturelle en produisant et valorisant des contenus africains grâce à des technologies développées localement ou en partenariat avec des acteurs du continent.
Au-delà de sa dimension patrimoniale, MCN Numérique 2050 contribue aussi à la formation d’un nouvel écosystème culturel et technologique. Il favorise l’implication des jeunes, encourage la création de métiers culture-tech et positionne le Sénégal comme l’un des pionniers de l’innovation muséale en Afrique.
