Dakar, 26 avr (SL-INFO) – Vérificatrice générale à la Cour des comptes, Ndèye Ndak Niang — également première femme docteure de cette institution — revient, dans un entretien accordé au journal Le Soleil, sur les polémiques entourant le rapport de la Cour relatif à la situation des finances publiques (2019 – 31 mars 2024), publié le 12 février 2024. Selon elle, ce rapport constitue une première dans l’espace UEMOA, conformément à la loi de 2012 sur la transparence dans la gestion des finances publiques, qui prévoit un audit de la Cour dans les trois mois suivant chaque nouveau mandat présidentiel.
Face à la controverse suscitée par cette publication, l’enseignante-chercheure estime qu’un tel débat est non seulement légitime, mais aussi révélateur de la vitalité démocratique et de l’intérêt croissant des citoyens pour la gestion des ressources publiques. Elle regrette toutefois que l’essentiel du rapport ait parfois été éclipsé par des réactions passionnées, détournant l’attention des enjeux de fond.
Sur le plan méthodologique, Mme Niang rappelle que la Cour suit un processus strictement encadré par la loi organique, fondé sur le principe du contradictoire. Les entités contrôlées ont la possibilité de répondre aux observations contenues dans le rapport provisoire, et ces réponses sont systématiquement prises en compte dans la version finale. Dès lors, les accusations de partialité ou de manipulation politique n’ont, selon elle, aucun fondement.
À ceux qui reprochent à la Cour de s’être contredite par rapport à ses précédents rapports, la vérificatrice répond avec fermeté : « La Cour ne s’est jamais dédite. » Les écarts relevés, précise-t-elle, concernent des opérations budgétaires effectuées hors des procédures habituelles, et qui n’étaient pas documentées dans les pièces de reddition transmises par le ministère des Finances. En revanche, pour toutes les opérations exécutées conformément aux lois de finances, aucun écart significatif n’a été constaté.
L’interlocutrice du quotidien d’information conclut en rappelant que la mission de la Cour inclut l’assistance au Parlement pour le contrôle de l’exécution des lois de finances, en vue du vote des lois de règlement. Ainsi, la Cour des comptes ne fait que jouer son rôle : garantir la transparence budgétaire et renforcer la redevabilité dans la gestion publique.
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