Dakar, 30 juin (SL-INFO) – d’enquête sur les crimes commis dans l’Est
Touché par une grave crise de liquidité en grande partie liée à l’arrêt de la contribution des États-Unis à son financement, le Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a été contraint d’annoncer, la semaine dernière, la suspension d’une mission d’enquête portant sur les atteintes aux droits humains commis dans l’est de la RDC depuis le mois de janvier 2022. C’est une première pour le Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme. Touchée par une grave crise de liquidités, l’institution a été contrainte d’annoncer la mise à l’arrêt d’une mission d’enquête sur les crimes commis dans l’est de la RDC qui avait commencé à se mettre au travail grâce à un financement d’1,1 million de dollars puisés dans ses réserves d’urgence et dont les efforts avaient déjà permis de recueillir « une grande quantité de preuves auprès de victimes et de témoins en RDC, au Rwanda et au Burundi ainsi que dans d’autres pays », selon les mots de Volker Türk, son patron.
Lancée en février dernier à la suite de l’adoption d’une résolution du Conseil des droits de l’homme demandant la mise en place d’urgence d’une mission d’établissement des faits et d’une commission d’enquête composée de trois experts indépendants, la procédure avait pour objectif de « recueillir, de rassembler et d’analyser les preuves » d’allégations et d’atteintes aux droits humains commis depuis janvier 2022 dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu.
« La situation est très inquiétante »
Dans un courrier interne consulté par nos confrères de l’agence Reuters, le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a ainsi annoncé, la semaine dernière, que cette commission ne pourrait être mise en place « jusqu’à ce que – et à moins que – les fonds soient disponibles ». « La situation est très inquiétante », confirme un employé de l’ONU en RDC. Dans un email adressé à RFI, le Haut-Commissariat regrette, quant à lui, que la suite du processus ne puisse aboutir « compte tenu de la baisse des contributions volontaires qui s’élève à 60 millions de dollars par rapport à 2024 », avant de faire cet amer constat : « Nous ne sommes tout simplement pas en mesure de commencer le travail de la commission d’enquête comme prévu ».
En cause notamment ? L’arrêt de certaines contributions – notamment américaines – il y a quelques mois. Alors qu’avec un versement de 36 millions de dollars, Washington était l’an dernier encore le premier bailleur de l’institution, sa participation à son financement est tombée à zéro au 31 mai dernier.
Si Volker Türk a averti il y a quelques jours que « les baisses de financement de [s]on bureau […] ne [faisaient] que consolider la position des dictateurs et dirigeants autoritaires », les personnels de l’ONU ne baissent cependant pas les bras : dans l’e-mail adressé à RFI, ces derniers assurent que les enquêtes en RDC reprendront sitôt les fonds mis à leur disposition.