Dakar, 02 Oct (SL-INFO) – Cardiologue, le docteur Oumou Kébé Bah a tiré la sonnette d’alarme sur les nouvelles habitudes alimentaires, combinées à un mode de vie de plus en plus sédentaire. Elles alimentent une véritable « épidémie silencieuse » de maladies cardiovasculaires au Sénégal dit-elle interpellée sur la question dans le prétexte de la journée mondiale du cœur. En effet, dans le monde, les maladies cardiovasculaires causent plus de 18 millions de décès chaque année, loin devant le cancer ou d’autres pathologies plus médiatisées. Au Sénégal, elles représentent 22 % des maladies non transmissibles selon l’enquête STEPS 2024. Hypertension, infarctus, AVC ou encore insuffisance cardiaque gagnent du terrain, souvent sans que les patients ne s’en rendent compte. « Le cœur est le moteur de la vie. Mais aujourd’hui, il est mis à rude épreuve par nos assiettes et nos comportements », avertit la spécialiste.

Dix fois trop de sel dans l’assiette

Si les graisses et les produits transformés posent problème, c’est surtout l’excès de sel qui inquiète. Les recommandations internationales fixent la consommation maximale à 3,5 g par jour. Mais au Sénégal, elle atteint parfois 36 g/jour. Une surcharge qui favorise l’hypertension, première cause de maladie cardiovasculaire dans le pays selon Mme Ba. Selon elle, le constat est alarmant. « Sur 10 patients hypertendus, 7 ignorent leur état. Parmi les 3 informés, un seul suit correctement un traitement, souvent mal contrôlé. C’est une véritable bombe à retardement » , a martelé Dr Kébé Bah.

La malbouffe, dès l’enfance, Stress et isolement : Les autres ennemis du cœur

L’exposition commence très tôt. Goûters à base de chips, biscuits, boissons sucrées et jus industriels remplacent de plus en plus les fruits et légumes, devenus inaccessibles pour nombre de familles. À cette alimentation déséquilibrée s’ajoutent l’inactivité physique et les écrans omniprésents. « Nous fabriquons une génération d’adultes fragilisés par l’obésité et la sédentarité », s’inquiète la cardiologue. L’impact est déjà visible : infarctus et AVC frappent parfois dès la trentaine, emportant des adultes en pleine force de l’âge, piliers économiques et sociaux des familles. À côté de la malbouffe, d’autres menaces amplifient le risque : tabagisme, troubles de l’apnée du sommeil et surtout stress chronique. « Autrefois ponctuel, le stress est devenu permanent. Dans une même famille, chacun est scotché à son téléphone, présent physiquement mais absent émotionnellement. Ce climat d’isolement alimente un cercle vicieux pour le cœur », analyse la spécialiste.

Prévenir pour sauver des vies

Face à ce tableau, la prévention reste la meilleure arme. Cela passe par une alimentation équilibrée, pauvre en sel et en produits transformés. A cela s’ajoutent une activité physique régulière et l’arrêt du tabac et la limitation de l’alcool, ainsi que le traitement précoce des angines pour éviter les valvulopathies, et le dépistage systématique de l’hypertension et du cholestérol. Mais Dr Kébé Bah souligne que l’action individuelle ne suffit pas : il faut renforcer la couverture sanitaire universelle, intégrer les maladies non transmissibles dans les soins primaires et mener de vraies campagnes de sensibilisation. « Les maladies cardiovasculaires ne font pas beaucoup de bruit médiatique, mais elles tuent massivement et prématurément. Le combat doit se mener dès aujourd’hui », conclut-elle.

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