Dakar, 07 août (SL-INFO) – Le départ définitif de la dernière base militaire française au Sénégal, marquant la fin d’une présence permanente de près de 350 soldats, symbolise un tournant majeur dans la géopolitique ouest-africaine.
La région, longtemps sous l’ombre tutélaire de puissances étrangères, amorce désormais une quête d’autonomie sécuritaire qui transcende les logiques bilatérales pour privilégier la construction d’un collectif régional. Ce basculement est à la fois une urgence et un défi immense, dans un contexte où les menaces se font multiples et mouvantes.
La CEDEAO, acteur historique de la coopération régionale, a pris le devant en activant une force de réserve dont l’effectif pourrait varier de 1 650 à 5 000 soldats.
Plus qu’une simple troupe, cette force incarne l’espoir d’une défense partagée, capable de répondre rapidement aux crises frontalières ou internes, sur la base d’un consensus entre États membres.
Parallèlement, l’Alliance des États du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso) tisse sa propre toile sécuritaire, répondant à des réalités spécifiques et à une volonté de renforcer la coordination face à l’instabilité croissante.
Cette mosaïque d’initiatives illustre une redéfinition stratégique lourde de sens. Elle questionne la possibilité, voire la nécessité d’une armée ouest-africaine véritablement unifiée, capable de conjuguer les ressources, les expertises et les volontés politiques dans une architecture commune. Mais elle met aussi en lumière les tensions, les divergences de priorités et les fractures géopolitiques qui traversent la région.
L’autonomie sécuritaire ouest-africaine n’est pas un simple retrait d’anciennes puissances étrangères ; c’est une réinvention. Une transition vers un modèle où la souveraineté collective prime sur les arrangements dispersés.
Pourtant, ce chemin est parsemé d’embûches, notamment en termes de financement, de commandement, d’intégration des forces, d’acceptation politique et de soutien populaire.
À l’heure où les équilibres mondiaux se déplacent, où les États africains veulent faire entendre leur voix dans la gouvernance de leur propre sécurité, cette dynamique régionale s’impose comme une piste incontournable. Elle dessine les contours d’un avenir où la force ne sera plus seulement celle d’un État isolé, mais la somme d’une volonté commune, fragile mais porteuse d’espoir.
Une mosaïque en marche, vers une Afrique de l’Ouest maîtresse de son destin sécuritaire.