Matam, 07 août (SL-INFO) – Dans la région de Matam, où les mutilations génitales féminines (MGF) continuent de faire des victimes dans l’ombre, le dialogue communautaire s’impose aujourd’hui comme un levier essentiel pour changer les mentalités et protéger les jeunes filles.
Depuis le 1er août dernier, une série de rencontres inter-villageoises mobilise les populations de 18 localités du Dandé Mayo, dans le cadre d’une campagne de sensibilisation initiée par des structures de protection de l’enfance et l’ONG Tostan, avec le soutien financier de l’UNICEF.
Ces échanges, étalés sur dix jours et organisés dans six villages hôtes, visent à dénoncer les dangers de l’excision et à créer un espace de réflexion collective autour de cette pratique encore trop souvent justifiée par la tradition ou la religion.
“Il y a des pratiques qui se perpétuent par ignorance. Notre objectif est de conscientiser, de déconstruire les croyances et de montrer que l’excision met en danger la santé et la vie de nos filles”, a expliqué Sidy Oumar Sall, agent de Tostan et animateur de la campagne, lors de la rencontre organisée à Nawel.
La mobilisation inclut femmes, hommes, jeunes et chefs religieux, afin de toucher toutes les franges de la communauté. L’accent est mis sur les femmes impliquées dans ces pratiques, identifiées comme cibles primaires et secondaires, pour favoriser un changement en profondeur.
“Les normes sociales sont profondément ancrées. Mais nous n’avons pas le choix : il faut en parler, ouvrir le débat. L’excision tue dans le silence. Ces dialogues sont une réponse urgente à une situation dramatique”, a insisté M. Sall.
Après Tiguéré, Thiofol, Diamel et Nawel, les prochaines rencontres auront lieu à Ndiakiri et à Bassoudji, avant la clôture prévue dimanche prochain.
Au-delà de l’information, ces échanges communautaires visent à favoriser l’adhésion collective à l’abandon de la pratique, dans un esprit de solidarité entre villages. Car seule une décision collective permet d’éviter les contournements d’interdiction d’un village à l’autre.
Dans cette région du nord du Sénégal, où la tradition reste forte, cette dynamique de dialogue pourrait bien marquer un tournant dans la lutte contre l’excision. Une lutte qui, pour être efficace, doit partir du terrain, des familles, des femmes… et de la parole partagée.