Dakar, 07 août (SL-INFO) – Ngagne Demba Touré, Directeur général de la SOMISEN SA, annonce une année record pour les finances publiques : en 2025, l’État du Sénégal a perçu plus de 41 milliards de francs CFA de dividendes issus du secteur minier. Un montant jamais atteint, qui traduit un tournant stratégique dans la gestion des ressources extractives, selon le dernier rapport de la Société des Mines du Sénégal. Ce chiffre représente plus du double de la moyenne annuelle observée entre 2021 et 2024, estimée à 18,326 milliards FCFA.

« L’État a touché plus de 41 milliards de francs CFA de dividendes. C’est un record, et ce n’est pas tout : à cela s’ajoutent près de 30 milliards provenant de l’IRVM, l’impôt sur le revenu des valeurs mobilières, prélevé automatiquement sur ces gains, » a expliqué sur la rts le directeur général de la SOMISEN, Ngagne Demba Touré. « Au total, cela représente plus de 70 milliards injectés dans les caisses publiques en une seule année. »

Cette progression spectaculaire découle d’une nouvelle dynamique impulsée par les autorités étatiques. « Le Président de la République et le Premier ministre ont fait du secteur minier un pilier de la souveraineté économique nationale, » affirme Touré. « L’enjeu est de mobiliser davantage de ressources domestiques pour financer le développement, tout en réduisant notre dépendance à l’endettement. »

Le rôle de la SOMISEN s’est transformé en profondeur. Chargée de la gestion du portefeuille minier de l’État, la société publique assume aujourd’hui pleinement sa mission d’opérateur stratégique. « Nous avons mis en place un dispositif rigoureux d’évaluation et d’audit, de collecte d’informations financières, juridiques et environnementales, ainsi qu’un manuel de gestion du portefeuille. Tout cela nous permet de mieux défendre les intérêts de l’État dans les sociétés minières où il est actionnaire, » détaille le directeur général.

Touré insiste également sur le fait que cette performance est le fruit d’un engagement renforcé de l’État dans la gouvernance minière. « Pendant longtemps, on a reproché à l’État d’être un actionnaire passif. Aujourd’hui, il est pleinement présent dans les conseils d’administration, là où se prennent les décisions majeures, comme celle de distribuer ou non des dividendes. »

Mais pour lui, ces chiffres ne représentent qu’un début. « Oui, les résultats sont historiques, mais le potentiel du secteur reste encore largement sous-exploité, » prévient-il. Il appelle à accélérer la transformation locale des ressources pour maximiser les retombées économiques. « Exporter des matières premières brutes, c’est exporter de la richesse et des emplois. Si l’or que nous produisons est raffiné à l’étranger, c’est là-bas que les emplois sont créés. Il est temps que notre production aurifère serve aussi à développer une filière locale de bijouterie, de raffinage et même à constituer une réserve stratégique nationale. »

Cette logique de transformation s’inscrit dans la vision économique à long terme du pays, notamment à travers le référentiel “Sénégal 2050”. Touré cite les filières identifiées comme prioritaires : les métaux précieux, les matériaux de construction ou encore les minéraux stratégiques comme le lithium et le manganèse, essentiels dans le contexte mondial de transition énergétique.

Sur les perspectives sociales, Ngagne Demba Touré rappelle que si la SOMISEN assure une mission économique, les dividendes qu’elle récolte sont reversés à l’État, qui les affecte selon ses priorités. « Ces 70 milliards permettent de financer l’électrification rurale, la construction de routes, d’écoles, de centres de santé. C’est cela, l’ambition des autorités : mobiliser les ressources internes pour répondre aux besoins des populations, sans recourir à une dette excessive, » insiste-t-il.

En guise de conclusion, le directeur général annonce l’adoption, en juillet dernier, d’un plan stratégique 2025–2029 articulé autour de trois axes majeurs : la gestion performante du portefeuille minier, la recherche et la valorisation des minéraux stratégiques, et le développement de projets de transformation sur le territoire national.

« La SOMISEN, qui vivait autrefois grâce à des subventions publiques, doit désormais devenir une locomotive, un instrument de souveraineté économique et un véritable pourvoyeur de recettes pour l’État, » affirme-t-il.

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