Dakar, 29 juillet (SL-INFO) – En avril 2025, les prix de production industrielle au Sénégal ont progressé de 0,5 %, selon l’ANSD. Un chiffre en apparence modeste, mais révélateur d’un mouvement plus large, porté par la chimie, l’extraction minière et l’agroalimentaire. Ce trio confirme sa dynamique dans le paysage productif, mais souligne aussi les limites d’un appareil industriel encore fragile, exposé et peu diversifié.
Car derrière ces hausses se cachent des filières à haute volatilité. Le pétrole raffiné, l’or, le gaz naturel ou les produits halieutiques peuvent offrir des pics d’exportation spectaculaires, comme en 2024 avec 3 909 milliards FCFA d’exportations en hausse de 21 %. Mais cette performance ne suffit pas à corriger une réalité plus tenace. Le déficit commercial reste abyssal, dépassant 3 252 milliards FCFA, avec un taux de couverture des importations qui plafonne à 54,6 %. Même en supprimant les achats de riz et de blé, le pays ne dépasserait pas 60 % de couverture. Le constat est clair : le problème est structurel.
Le Sénégal exporte beaucoup de matières premières ou de produits à faible valeur ajoutée, mais importe tout ce qu’il ne fabrique pas. Son tissu industriel produit, mais ne transforme pas assez. Il réagit, mais ne résiste pas encore aux chocs mondiaux. Et c’est cette résilience qu’il faut désormais construire.
Les projets SAR 2 et Gas to Power peuvent jouer un rôle déterminant. En développant les capacités de raffinage et en produisant de l’électricité à partir du gaz local, ils peuvent réduire la dépendance énergétique, baisser les coûts industriels et stimuler la compétitivité. Mais au-delà de ces leviers, c’est une nouvelle logique de développement qu’il faut embrasser, fondée sur la production endogène, la montée en gamme, l’innovation locale.
Cela implique d’investir dans les infrastructures, mais aussi dans les savoirs. Une industrialisation durable ne peut se faire sans une main-d’œuvre qualifiée, formée aux réalités technologiques et adaptable. L’école, la formation technique, l’ingénierie locale deviennent alors des piliers industriels à part entière.
À court terme, les exportations de brut ou d’or continueront de soutenir la croissance. Mais à long terme, seule une économie capable de produire ce qu’elle consomme, et d’exporter ce qu’elle transforme, pourra véritablement inverser la balance. Il ne suffit pas de produire plus, il faut produire mieux. Et surtout produire pour transformer, non seulement les matières, mais l’équilibre même du développement.
